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Nos Nouvelles
Climate Witness: Marc Bormans, Belgium
Je suis Marc Bormans et j’habite à Fexhe-le-Haut-Clocher, en province de Liège. Vétérinaire spécialisé dans la reproduction bovine, je travaille aussi en tant qu’agriculteur. Je combine ces deux métiers depuis bientôt 20 ans.
J’ai remarqué une augmentation de la température moyenne au fil des ans : l’herbe commence à pousser plus tôt et reste disponible plus tard en automne ; les ruminants peuvent paître plus longtemps. C’est également un avantage pour la culture du maïs qui a besoin de chaleur pour arriver à maturité. Mais cette situation comporte aussi des désavantages.
Depuis les années 90, nous avons connu plusieurs vagues de chaleur accompagnées de périodes sans précipitations. Ces vagues de chaleur ont eu des conséquences graves sur certaines cultures, et plus particulièrement sur les légumes comme les pois, les haricots et les carottes. Certaines années, le rendement de ces légumes a diminué de plus de 50%. Je crains qu’à l’avenir, le changement climatique n’accentue ce phénomène et que les récoltes n’en souffrent davantage.
D’autre part, les épaisses couches de neige et de longues périodes de gel se font rares. Or, le gel a des conséquences très positives pour l’agriculture : il répare la structure du sol qui sera plus aéré, plus fertile et plus facile à travailler l’été suivant. Le gel tue aussi de nombreux parasites. Mais verrons-nous encore souvent une période de gel digne de ce nom? Cet hiver 2008-2009 a été exceptionnel.
La maladie de la langue bleue
Fin de l’été 2007, j’ai été surpris de constater l’apparition de la maladie de « la langue bleue » parmi les bovins de plusieurs éleveurs et dans mon propre troupeau de moutons. Quelques cas avaient été officiellement déclarés, en 2006, en Belgique et aux Pays-Bas mais avant 2007, cette maladie d’origine africaine n’était pas connue chez nous.
La maladie de la langue bleue (ou fièvre catarrhale ovine) est causée par un virus. Elle touche seulement les ruminants comme les bovins ou les moutons et n’est pas transmissible à l’homme. Ce virus s’est retrouvé ici par hasard, probablement via l’introduction de ruminants infectés (animaux importés) ou de moustiques (du genre culicoide) porteurs du virus. Le moustique parasite les ruminants et transmet ainsi le virus à une vache ou à un mouton.
Et si le climat est favorable, si nous bénéficions d'un hiver plus doux, par exemple, les populations de moustiques prolifèrent. Le virus peut alors se maintenir dans nos régions et toucher un plus grand nombre d’animaux.
Le terme « langue bleue » est à mettre en relation avec l’aspect cyanosé des moutons qui peuvent, dans certains cas, présenter une langue bleue (par défaut d’oxygénation).
Les moutons ont été les premiers concernés. Fin de l’été 2007, j’avais 12 brebis et une vingtaine d’agneaux. En trois semaines, j’ai perdu la moitié des agneaux et deux mères.
Chez les bovins, il y a eu moins de cas mortels mais de sérieuses pertes économiques ont été enregistrées : les vaches mangeaient difficilement, elles se sont affaiblies. Leur fécondité a diminué et le risque d’avortement spontané était plus élevé. Les animaux souffraient de dysphagie, de boiterie, d’ulcères, …
Selon moi, les naissances de veaux ont diminué de 25% en 2007-2008, et l’ensemble du troupeau belge a été touché. Des 40 taureaux testés, au moins 95% étaient séropositifs. Les animaux séropositifs qui n’avaient pas encore construit d’immunité, n’ont pas été utilisés pour l’insémination. En 2008, la maladie ne s’est pas propagée : la plupart des animaux ont développé une immunité naturelle contre le virus et de surcroît, les troupeaux ont été vaccinés préventivement.
La propagation d’une maladie exotique dans notre pays est inquiétante et donne à penser que les changements climatiques ont une influence. Une nouvelle maladie pourrait donc bien nous surprendre.
Contexte scientifique
Rédigé par: Professeur Annick Linden, Département des maladies infectieuses et parasitaires de l’Université de Liège, BelgiqueLes observations de Marc Bormans concernant les changements de température, le gel et les vagues de chaleur sont en phase avec les récentes analyses de l’IRM (Institut royal météorologique de Belgique) parues dans «Vigilance climatique». D’après cette publication, il n’y a aucune indication que les périodes de sécheresse sont aujourd’hui devenues plus intenses.
Selon Annick Linden, professeur au département des maladies infectieuses et parasitaires de l’Université de Liège, tirer des conclusions sur une relation entre les changements climatiques et le maintien de la fièvre catarrhale ovine dans nos régions est prématuré. Mais, de manière générale, les modifications climatiques ont des conséquences sur l’évolution de certaines maladies animales et humaines, et notamment sur les maladies transmises par les moustiques ou autres arthropodes.
- “Vigilance climatique”, RMI of Belgium. Can be consulted at: http://www.belgium.be/fr/publications/publ_vigilance_climatique.jsp
- “Impacts des changements climatiques en Belgique”, (under the leadership of) J-P. Van Ypersele and Ph Marbaix, Greenpeace, Brussels, 2004, 44 p. Can be consulted at: http://www.greenpeace.org/belgium/fr/press/reports/impacts-des-changements-climat2
All articles are subject to scientific review by a member of the Climate Witness Science Advisory Panel.