Les mangroves de Madagascar

Posted on 06 juillet 2022
Cette surface représente un peu plus de 1% de la couverture forestière totale de Madagascar avec une perte de 3 000 à 7 000 hectares par an depuis 1995 jusqu’à 2018 ; soit près de 1% par an. Pourtant, avec l’émergence des concepts économie verte et bleue de ces dernières années, puis suite au récent engagement de Madagascar en 2019 dans le cadre de l’atelier national sur la gouvernance et la gestion durable des mangroves, Madagascar ambitionne de valoriser, restaurer ses mangroves pour être un patrimoine national emblématique pour assurer les fonctions de services écosystémiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, pour devenir un moteur de l’économie locale, et pour la préservation durable des espèces faunistiques et de la biodiversité des milieux marins.
Pour se faire, l’objectif central de cette stratégie est de restaurer les sites dégradés et conserver la couverture forestière de 390 000 hectares de mangroves au cours des dix prochaines années.
En avançant dans la restauration, il est important de connaitre la composition des espèces existant et leurs caractéristiques…
Madagascar abrite neuf espèces de palétuviers (mangroves). Dans le monde, il y en a plus d’une soixantaine. En voici 8 :
  • Avicennia marina qu’on appelle Afiafy dans la région Menabe et connu sous le nom Mosotry dans la région Diana. Cette première espèce de palétuviers grandit sur l'embouchure des rivières, des lagons, des plages rocheuses et des zones à marée basse. Les espèces d'Avicennia sont généralement des espèces pionnières dans les forêts de mangroves nouvellement formées. On le reconnait grâce à son écorce jaunâtre d'une circonférence de 35 à 57 cm environ. La face supérieure des feuilles de l’Afiafy est couverte de points glanduleux, avec une seule nervure centrale apparente en relief sur la face inférieure. A maturité, ces fruits sont mangés par les animaux d’élevage et le bois de ce palétuvier est généralement utilisé en bois d’œuvre ou pour faire du feu et du charbon. Ses feuilles, une fois séchées servent de médicament contre les maux de ventre et la jaunisse.
  • Sonneratia alba : ou Songery comme le dirait nos amis de la région Menabe. Sa période de floraison s’étale sur toute l’année et elle a la particularité d’avoir différents stades de maturité possible sur un même pied. Pour reconnaître le Songery, il faut observer ses racines qui sont pneumatophores, aériennes qui sortent à la verticale du sol nu. Cette espèce peut atteindre une haute entre 16 et 30 mètres. Pour la restaurer, il faudra planter ses graines.
  • La troisième espèce de palétuviers que nous présentons : Bruguiera gymnorhiza  qu’on appelle localement Tangapoly ou Tangamaity ou Tsy tolomigny selon les régions. Majoritairement, elle atteint 14 mètres de hauteur et 20 mètres au maximum, se reconnait par son tronc rouge et sa tige rougeâtre. Ses feuilles opposées, à longues tiges, sont finement charnues et coriaces. Les limbes de ses feuilles sont généralement ovales, en forme de lance, vert foncées au-dessus et vert claires en dessous. Le Tangapoly se retrouve un peu en retrait du front de mer. Lors des séances de restauration, il faudra semer des propagules.
  • Ceriops tagal est elle d’une taille moyenne, de 5 à 20 mètres de hauteur au maximum. Elle est aussi appelée Tangambavy dans le Menabe et si vous allez au nord, elle est appelée Honko vavy. Elle grandit dans une zone à sols bien drainés, dans des zones à faible durée de submersion c’est-à-dire  à la portée des marées occasionnelles. On reconnait le Tangambavy à ses racines superficielles fines, ramifiées et rubanées.
  • Le Rogno, Roheno scientifiquement appelé : Lumnitzera racemosa - Nous pouvons les trouver sur les côtes rocheuses, boueuses ou sablonneuses. Ou dans les zones d'arrière-mangroves. Ses feuilles disposées en spirales, presque sans pétiole, ont des limbes charnues qui sont généralement en forme de goutte étroite avec des bases en forme de coin. Le Rogno est un arbuste de 8 mètres de haut seulement.
  • Rhizophora mucronata : Tangandahy, Honko lahy, Agnabo vahatra – Ce sont ses différentes appellations selon les régions. C'est une espèce qui se propage facilement et qui a une croissance rapide. Elle peut atteindre une hauteur de 35 mètres. Cette espèce peut se développer plus près des influences de l'eau douce comme près du côté de la mer ou sur les chenaux.
  • Heritiera littoralis est localement appelé Moromony. Son bois est couramment utilisé en construction et pour la fabrication de divers outils. Elle serait également utilisée pour soigner la diarrhée et la dysenterie. Ses semances résistent à un séjour prolongé dans l'eau de mer mais ne perdent pas leur pouvoir de germer. Le Moromony a besoin d’une pleine lumière, il est adapté aux terrains très immergés, humides, voire engorgés. Il a de grandes feuilles coriaces vert foncées dessus avec des fleurs apétales de couleur vert-jaune, en forme de cloche.
  • La dernière espèce de palétuviers visible à Madagascar est Xylocarpus granatum - Connue aussi sous le nom Fobo. Cette espèce quant à elle ne résiste pas à une trop longue durée de submersion. La limite supérieure de cette mangrove est visible sur des sols vaseux des marécages de mangrove. Elle pousse généralement de façon éparpillée, mais forme parfois des peuplements mono spécifique. On la reconnait grâce à ses racines superficielles fines, ramifiées, rubanées. En termes de hauteur, elle peut aller de 15 à 20 mètres  avec un diamètre jusqu'à 90 cm