Commerce, pauvreté rurale et environnement:

Posted on 16 août 2006
Market in Toliara, Madagascar
© WWF-MWIOPO/L. G. Maksim

Une étude sur la libéralisation du commerce, la pauvreté rurale et l'environnement et portant sur le cas de Madagascar a été publié par le Programme du WWF pour Madagascar et l'Océan Indien Occidental fin juillet 2006. Outre l'analyse globale des liens entre ces trois domaines au niveau national, deux études de cas ont été effectuées pour identifier et analyser les impacts du commerce sur la pauvreté et l'environnement.

 

La culture extensive de maïs a détruit 500 km2 de forêt d'épineux

La première étude a porté sur les impacts de la culture extensive du maïs destiné à l'exportation sur les forêts d'épineux du Sud-Ouest de Madagascar. La production de cette céréale, essentiellement exportée vers  l'île de La Réunion pour l'élevage porcin et la volaille, a connu une très forte augmentation à la fin des années 1980. Les zones de culture extensive sur brûlis étaient alors situées autour de la forêt de Mikea, au Nord et au Sud de la ville de Toliara.

En l'espace de dix ans, entre 1990 et 2000, la culture du maïs a détruit directement 500 km2 de forêts d'épineux, par rapport à une déforestation totale qui a porté sur 2.552 km2 pour la même période. L'attrait des opportunités de revenus a aussi provoqué un flux migratoire vers les zones de culture et, dans certaines régions du Sud-Ouest, la venue des migrants a bouleversé les structures sociales existantes qui étaient encore capables de gérer les ressources forestières de manière durable. Le boom de l'exportation de maïs vers La Réunion n'a été toutefois que temporaire et s'est arrêté  au début des années 2000. 

Parmi les recommandations de l'étude, le développement et la mise en oeuvre d'éco-certificats est une option politique préconisée, destinés à prouver que les produits agricoles sont obtenus de manière durable pour limiter les dégâts sur l'environnement. Par ailleurs, les importateurs de l'île de La Réunion ont fait part de leur intérêt pour l'achat de maïs non-génétiquement modifié, ce qui n'est pas le cas pour le maïs qu'ils important d'Argentine actuellement.

L'étude souligne par ailleurs que les aires protégées constituent une manière effective pour réduire la déforestation dans les zones écologiquement sensibles, mais qu'il faudra veiller à ce que la conservation ne déplace la déforestation vers d'autres zones, d'où la nécessité d'assurer une bonne planification des besoins en agriculture, pour l'alimentation, et en forêt, pour l'énergie. En effet, selon des études menées  par le WWF en l'an 2000, la demande en bois de chauffe et en charbon de bois de la ville de Toliara était estimée à 800 tonnes de bois vert par jour...

 

Légumes malgaches sur le marché européen

La seconde étude a porté sur les impacts de l'agriculture contractuelle sur les petites exploitations agricoles des hautes-terres, dans la province d'Antananarivo.

Les haricots verts de Madagascar "cueillis et rangés-mains" constituent les principaux légumes exportés. Destinés à des chaînes de supermarchés en France, en Belgique et aux Pays-Bas ainsi que pour des distributeurs industriels, ces légumes représentent 10% du marché européen. C'est la société

Lecofruit qui en exporte la grande majorité et, lors de la saison 2004-2005, elle a placé 3.000 tonnes sur le marché européen, dont 70% étaient des haricots verts fins.

Dix mille petits exploitants agricoles produisent des légumes pour la société Lecofruit sur une base contractuelle. Un ménage agricole sous contrat exploite un peu moins de un hectare de terre, soit la taille moyenne d'une exploitation agricole à Madagascar. Le tiers de cette superficie est utilisé pour la riziculture, en raison de sa plus grande valeur, et se compose généralement de trois parcelles dont deux sont sous contrat avec la société.

Grâce au contrat, le paysan a l'avantage, entre autres, d'apprendre à fabriquer du compost, un mélange de fumier et de matières végétales. Le compost maintient la structure de la terre, fournit les minéraux qui favorisent une croissance saine de la culture et, de façon durable, a un impact sur la fertilité du sol. La culture du riz bénéficie ainsi d'une forte productivité et la hausse est de 64% plus élevé que sur les terres sans-contrat. Les rendements passent généralement de 3,6 à 6 tonnes de paddy à l'hectare en moyenne et le revenu tiré des contrats représente la moitié des rentrées d'argent d'un ménage au cours d'une année.

Les paysans déclarent que les contrats leur sont bénéfiques, particulièrement pour l'atténuation des effets de la période de soudure qui est passée de 3,7 à 1,7 mois dans l'année. La période de soudure est en effet l'une des plus difficiles pour les paysans malgaches car elle se traduit notamment par un manque de revenu avec de graves répercussions sur la consommation alimentaire et, partant, sur la santé. Il est indéniable que cette forme de partenariat, à travers l'agriculture contractuelle, a influé sur le bien-être des petits exploitants agricoles, notamment dans les domaines de la consommation et de la santé.