Madagascar, parc national d'Andringitra: Les communautés valorisent leurs bénéfices

Posted on 25 août 2003
Andringitra Strict Nature Reserve
© WWF / Olivier LANGRAND
A Madagascar, la moitié des recettes provenant des droits d’entrée dans les parcs nationaux revient aux communes périphériques. Chaque commune a un comité de gestion, dont les membres sont élus, et qui, entre autres missions, mène des concertations avec la communauté pour identifier les priorités locales et les présenter ensuite sous forme de projets, sur la base de trois principaux critères: l’intérêt commun, la durabilité et les changements qui seront induits dans la vie communautaire. L’organisme de tutelle des parcs, "Parcs Nationaux de Madagascar", examine à son tour les projets et attribue les fonds selon un ordre de priorité. Ouvert en octobre 1999, le Parc National de l’Andringitra, sous la cogestion des "Parcs Nationaux de Madagascar" et du WWF, est entouré de 4 communes regroupées en 2 comités de gestion. Celui de la "région nord" est composé de la commune de Namoly - où se situe l’entrée principale du parc – de celles de Sendrisoa, de Miarinarivo et de Vohitsaoka, relevant toutes de la sous-préfecture d’Ambalavao. Le comité de la "région sud" comprend pour sa part les communes d’Ivongo et de Antambohobe, rattachées à la sous-préfecture d’Ivohibe, et situées dans le corridor forestier entre le Parc National de l’Andringitra et la Réserve Spéciale du Pic d’Ivohibe. Depuis l’ouverture du Parc National de l’Andringitra jusqu’à la fin de l’année 2002, les droits d’entrée ont généré une recette de près de 50 millions de Fmg — environ 7,300 Euros — dont la moitié reviendra aux communautés locales pour financer la réalisation de leurs projets. Aussi, les représentants des comités de gestion des deux régions ont tenu une concertation fin juillet 2003. Il s’agissait notamment de procéder à une revue finale de leurs projets ainsi qu’à leur budgétisation. Dans leur grande majorité, les projets arrêtés traduisent une volonté d’améliorer les infrastructures sociales, ou d’en construire, telles que des centres de soins de santé de base et d’accouchement, la réhabilitation des bâtiments scolaires et la construction de pavillons pour leurs sites de marchés locaux. La vision locale du développement Depuis le mois de juin 2003, Namoly est devenue officiellement une commune rurale à part entière, se détachant ainsi de celle de Sendrisoa . Située à 50 kilomètres de la ville d’Ambalavao, Namoly abrite l’entrée principale dans le Parc National de l’Andringitra. Un gîte, à l’architecture traditionnelle, y est déjà fonctionnel et peut accueillir une vingtaine de personnes. Pour Hilarion Randrianirina, membre du comité de gestion de Namoly, l’amélioration des services du centre de santé et d’accouchement déjà existant est désormais faisable grâce aux fonds provenant des droits d’entrée. "Nous voudrions notamment que certaines analyses puissent se faire à Namoly même, a-t-il déclaré, tout en disposant aussi d’autres types de médicaments. Mais avec le nombre sans cesse croissant de touristes, nous allons construire un marché avec des pavillons où nos artisans notamment pourront exposer et vendre leurs produits et montrer aux visiteurs leurs techniques de travail ". Une facette de l’écotourisme. Moha est membre du comité de gestion de la région sud, du village d’Ankerana, dans la commune d’Ivongo . Il a fait une journée de marche pour rejoindre le lieu de la réunion. "Nous voudrions une route certes mais ce n’est pas à la portée de ce budget, sur cette question nous pensons qu’il faudrait voir au niveau de toute la sous-préfecture d’Ivohibe même, a-t-il dit. Le plus urgent c’est de réhabiliter notre école primaire. Dans mon village, le nombre d’adultes sachant lire et écrire se compte sur les doigts. Nous allons aussi construire un centre d’accouchement car les accoucheuses traditionnelles de la commune ont reçu une formation et sont désormais certifiées par l’Etat". Conservation : Des contributions conséquentes Les communautés vivant à la périphérie du Parc National d’Andringitra se sont toujours impliquées dans les actions de conservation et de développement. Ainsi, dans un esprit de concertation et de véritable partenariat avec les gestionnaires du Parc, des conventions contre les feux et pour le contrôle des zones de pâturage ont été élaborées et appliquées. Les utilisateurs sont notamment tenus de s’organiser de manière à stabiliser le nombre de bovidés et de réaliser des pares-feux sous la vigilance d’un comité de suivi et de contrôle. Par ailleurs, un réseau de gardiens bénévoles est fonctionnel autour du parc grâce à la contribution des communautés sans compter leur participation dans la mise en place des 5 circuits existant dans le parc au cours de laquelle, en particulier, 10.000 tonnes de pierres ont été transportées pour paver certains sentiers et escaliers ainsi que les belvédères. Sylvain Rafiadana-Ntsoa Août 2003
Andringitra Strict Nature Reserve
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