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Groupe d’Épargne Communautaire : Le pari gagnant des femmes de la zone marine protégée de Nosy Hara

Posté le 28 avril 2025

Il y a trois ans, le Groupe d’Épargne Communautaire (GEC) été mis en place au niveau de la zone marine protégée de Nosy Hara. Il totalise actuellement 24 groupes répartis sur 9 villages. Ces GEC ont été mis en place et encadrés par huit femmes paysans relais, formées en gestion et éducation financière. Elles sont issues des villages d’Antsako, Ampasindava, Andranomavo et Anjiamaloto, et ont partagé leur parcours audacieux, entrepris pour instaurer et faire valoir ce mécanisme de gestion financière au bénéfice de leurs communautés respectives. Pour Clémentine de la commune d’Ampasindava : « Ce fut très compliqué de réunir les gens pour la sensibilisation sur le GEC et ses avantages. A peine si on avait pu réunir une dizaine de personnes. Nous avions décidé de faire du porte-à-porte pour toucher un maximum de personnes. Aujourd’hui, nous avons réussi à créer 8 groupes à Ampasindava. »

Zaramasy et Zaina Assomany, paysans relais chargées d’encadrer les villages d’Ambararata, Andranomavo et Mananara ont traversé les mêmes difficultés : « Après maints efforts pour sensibiliser les villages sur l’existence du GEC et ses avantages, 17 personnes ont finalement accepté d’y adhérer et le premier groupe a pu être créé car un groupe doit compter 15 à 25 personnes. C’était difficile parce que les gens avaient une certaine réticence et une appréhension par rapport à leur capacité à gérer efficacement leur argent à travers le GEC. Certains craignaient même que c’était un moyen déguisé pour leur voler leur argent. » Malgré tout, leurs efforts ont payé et aujourd’hui, 9 groupes sont répartis sur les trois villages avec un total de 180 membres.

Une fois le GEC mis en place, son fonctionnement devra reposer sur les trois fameuses caisses : la première destinée aux membres du groupe, la deuxième pour la vie au sein de la communauté et la troisième dédiée aux projets sociaux et activités communautaires dont les actions de conservation. Cette 3^e caisse en est encore à sa phase de développement pour la plupart des GEC de Nosy Hara. En effet, basé sur un processus cyclique, le GEC requiert un certain niveau de maturité pour permettre la mise en place d’une 3^e caisse.

Cinq groupes de la commune d’Antsako disposent déjà de cette 3^e caisse. Dans cette commune, le manque de ressources financières des parents ne permet pas de couvrir le salaire des enseignants. Un parent a, en moyenne, cinq enfants à charge. Faute de salaire, de nombreux enseignants finissent par partir. Et pourtant, la majorité des élèves réussissent aux examens officiels grâce à la qualité de l’enseignement de ces personnes. Les membres du GEC ont ainsi pris l’initiative de mobiliser une partie de cette 3^e caisse pour soutenir l’éducation des enfants du village d’Antsako à hauteur de 10 000 Ar/groupe/mois, soit un total de 50 000 Ar/mois (12 dollars), reversé afin de payer le salaire des enseignants. À Anjiamaloto, aucun enfant n’est scolarisé car le village ne dispose tout simplement d’aucune infrastructure scolaire. N’ayant pas encore de 3^e caisse, le GEC a réussi à amasser 200 000 Ariary (environ 44 dollars) de leur 2^e caisse pour l’achat de tôles afin de soutenir la construction d’un établissement scolaire.

Ces femmes se sont volontairement engagées dans le GEC car elles souhaitaient disposer de leur propre argent, être financièrement indépendantes et disposer d’une source de revenus complémentaire aux activités de pêche. Elles étaient prêtes à relever les défis et ont su surmonter les obstacles. Vivant pour la plupart en grande précarité, désormais, elles jouissent pleinement des multiples avantages que l’épargne communautaire leur apporte. Certaines ont réalisé de beaux projets comme Asina Moana du village d’Anjiamaloto qui a pu construire une maison : « Pour moi, le GEC représente une excellente solution même si le paiement des cotisations n’est pas toujours évident. » D’autres ont contracté des emprunts pour se lancer dans des activités complémentaires comme la production de poisson séché.

« Les femmes sont plus douées pour sensibiliser, elles ont le sourire, elles savent convaincre, et surtout, elles savent gérer et économiser. Les hommes du village sont heureux de voir que les femmes parviennent à s’en sortir et à devenir indépendantes. » ont-elles conclu à l’unanimité.

WWF a appuyé les groupes GEC depuis sa création en 2022. Les paysans relais bénéficient d’un recyclage trimestriel ainsi que d’un appui matériel. Pour une meilleure gestion des fonds, les membres des groupes GEC sont formés sur la gestion financière et appuyés techniquement et matériellement pour la création d’activités génératrices de revenu.