Un grand nombre de consommateurs préfèrent l’électricité verte à celle produite par les sources traditionnelles polluantes. Face à ce nouveau marché, comment peuvent-ils s’assurer que l’électricité verte qu’ils choisissent est vraiment respectueuse de l’environnement? EUGENE, un label d’électricité verte en Europe, se propose de lever l’équivoque.
L’ouverture récente des marchés d’électricité dans plusieurs pays dans le monde donne davantage aux consommateurs la possibilité de choisir la source de leur électricité. Cette situation, ainsi que la sensibilisation de plus en plus grande au changement climatique et au réchauffement du globe résultant de la consommation des combustibles fossiles, a eu pour conséquence une expansion du marché de l’électricité verte, produite à partir de sources d’énergies renouvelables non polluantes et respectueuses de l’environnement.
Mais comment les consommateurs peuvent-ils s’assurer que l'électricité choisie est véritablement produite sans préjudice à l’environnement ? Et comment peuvent-ils choisir dans la jungle des labels d’électricité verte, dont chacun a ses propres critères et sa propre certification de l’"électricité verte"?
Afin de répondre à ces questions, le WWF s’est mis en partenariat avec d’autres organisations de défense de l’environnement et des associations de consommateurs pour former le Réseau Européen d’Electricité Verte (EUGENE) qui est un label européen indépendant d’électricité verte. Le label EUGENE donne une garantie selon laquelle le projet d’électricité verte est en train de prendre la place des sources d’énergies polluantes et d’aboutir à une nouvelle production d’électricité verte outre ses marchés au plan national.
Selon les critères de EUGENE, l’électricité verte doit provenir de sources d’énergies naturelles : solaire, géothermique, éolienne, marémotrice, énergie des vagues ; elle peut aussi provenir de la combustion de biomasse à carbone neutre (par exemple les cultures énergétiques, les déchets de l'agriculture et de la foresterie, les autres déchets organiques, et le biogaz) ; ou encore des projets hydroélectriques qui préservent les principales fonctions écologiques des fleuves et des rivières. Les centrales hydroélectriques, nouvelles ou élargies, ne peuvent porter le label vert que si elles améliorent de manière considérable l’écologie d'un système fluvial en dehors des exigences de conformité au plan juridique.
Toutes les sources d’énergies non traditionnelles ne sont pas considérées comme des sources vertes par EUGENE. Par exemple, l’électricité provenant des nouveaux types de centrales électriques, dont l'impact sur l’environnement reste non négligeable, ne portera pas le label EUGENE. Au nombre de ces centrales électriques figurent les installations d’incinérateurs de déchets, qui le plus souvent utilisent des sources non renouvelables comme le plastique, produisent des émissions toxiques, et sapent les politiques de recyclage.
Pour porter le label EUGENE, le fournisseur doit également contribuer à l’augmentation de la production d’électricité verte. Le label n’est pas accordé à une électricité verte faisant déjà partie d’un plan gouvernemental ou de centrales électriques vertes existantes qui alimenteraient de toute façon le réseau national électrique. Ainsi, les consommateurs sont sûrs de soutenir de nouvelles installations.
Les normes EUGENE sont complétées par les critères nationaux qui mettent en oeuvre la norme internationale au plan local .Tous les fournisseurs subissent un contrôle annuel indépendant et doivent faire connaître intégralement le pourcentage et le type de ressources renouvelables dans leur production d’électricité.
En plus des ménages, le WWF souhaite que EUGENE encourage l'industrie et les instances gouvernementales à faire preuve de responsabilité environnementale en optant pour l’électricité verte. En tant que grands consommateurs d’électricité, les industries et les gouvernements ont un rôle capital à jouer dans la réduction des émissions de gaz carbonique, afin d'atténuer le changement climatique. Selon les estimations du WWF, si les institutions publiques et les industries européennes couvraient respectivement 30 pour cent et 10 pour cent de leurs besoins en énergie en achetant de l'électrique verte, la réduction des émissions de CO2 serait l’équivalent de toutes les émissions du Danemark en 1998, ou des émissions annuelles de 18 grandes centrales électriques à charbon.
Cependant, le soutien du gouvernement et des industries à l'électricité verte irait au-delà de la réduction de leur propres émissions de CO2. Un grand changement dans la production d’énergie est nécessaire à la lutte contre le changement climatique et le réchauffement planétaire. Alors qu'environ 1 million de consommateurs ont pris fait et cause pour l’électricité verte au Pays-Bas, le nombre total de consommateurs recourant à l'électricité verte en Europe ne représente encore qu’une petite fraction de l’ensemble des consommateurs d’électricité, et les combustibles fossiles restent la principale source d’énergie. Les gouvernements et les industries peuvent ainsi stimuler le changement vers des sources d’énergies nouvelles et renouvelables en renforçant les politiques destinées à soutenir et à récompenser l’électricité verte dans les marchés d’électricité compétitifs.
Le changement climatique constitue l’un des plus grands défis environnementaux du 21ième siècle. Le marché volontaire de l’électricité a un rôle clef à jouer en mettant au point une production additionnelle d’électricité verte et en supplantant les sources d’énergies traditionnelles polluantes. La norme EUGENE favorisera ses efforts en Europe en garantissant aux consommateurs que leur choix de l'électricité verte contribue à une production accrue d’électricité propre et respectueuse du climat.
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*Giulio Volpi est chargé de la politique sur le changement climatique au Bureau européen du WWF.
Renseignement complémentaire :
Production d’électricité, émissions de CO2 et changement climatique
La façon dont les pays industrialisés produisent et consomment l’énergie n’est pas soutenable. En 1990, 97 pour cent du CO2 émis par les pays industrialisés en Occident provenait de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz pour produire de l’énergie. De plus, le secteur de l’énergie était responsable de 37 pour cent des émissions de CO2 liées à l’énergie.
Le CO2 et les autres gaz à effet de serre absorbent l‘énergie solaire. Avec la poussée de l’industrialisation et la combustion de matières fossiles pour obtenir de l’énergie au cours du siècle dernier, le niveau actuel des gaz à effet de serre n'a jamais été aussi élevé au cours des 420'000 dernières années. L’augmentation de la température globale qui en a résulté, 0.6°C au cours du siècle dernier, et qui ne cesse de s'accentuer, perturbe gravement le climat de la planète et exerce un effet néfaste sur les écosystèmes du globe.
Electricité verte
L'électricité verte est une électricité produite à partir de sources qui n’exercent aucun impact sur l’environnement. Les sources d’énergies propres sont celles qui utilisent l’énergie naturelle: éolienne, solaire, géothermique, marémotrice, et des vagues. Elles sont le plus souvent connues sous le nom de sources d’énergies renouvelables parce qu’elles ne s’épuisent jamais. La biomasse — matières agricoles et forestières ou plantations énergétiques spécialement cultivées et utilisées comme combustibles pour faire fonctionner les centrales électriques — est également considérée comme une source d’énergie verte. Au fur et à mesure que les plantes poussent, elles absorbent le CO2 qui est ensuite libéré lorsque la matière est brûlée. La biomasse est donc considérée comme étant à carbone neutre puisqu’elle n'ajoute pas de CO2 supplémentaire dans l’atmosphère. Les cultures énergétiques procurent non seulement une source renouvelable d’électricité, mais elles peuvent aussi constituer de très bonnes opportunités pour les agriculteurs. Leur production associée au gaz naturel, bien que ce dernier ne soit pas une source renouvelable, constitue une utilisation améliorée et rationnelle des ressources naturelles. De ce fait, elle peut être considérée comme faisant partie du mélange d’électricité verte proposé par un tarif d’électricité verte.
Les labels nationaux d’électricité verte qui font partie de la norme EUGENE
Les différents labels nationaux d’électricité verte qui existaient auparavant — tels que OK-Power en Allemagne et Naturemade en Suisse — se sont associés au label international EUGENE, pour établir une norme internationale harmonisée d’électricité verte .
Le travail du WWF sur le changement climatique
L’objectif du programme du WWF sur le changement climatique est de réduire les émissions de CO2 en amenant les décideurs politiques à prendre des mesures efficaces, en nouant des partenariats novateurs avec les entreprises progressistes, et en sensibilisant le public. Le soutien du WWF à EUGENE n’est qu’un aspect des activités du programme pour lutter contre le changement climatique.