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Engagement et résilience : le récit inspirant d’une organisation communautaire de la région d’Andapa

​Située dans la cuvette d’Andapa, à une vingtaine de kilomètres de la ville, l’organisation communautaire (COBA) d’Ambodivohitra Kobahina est un modèle d’engagement et de résilience face aux nombreuses pressions qui menacent à la fois ses écosystèmes et sa subsistance.

 Créée en 2000, la COBA Ambodivohitra Kobahina compte à ce jour 585 membres, dont 195 femmes, qui participent activement à diverses activités de conservation.
 
Ambodivohitra Kobahina compte 12 patrouilleurs communautaires. Selon le président, Nary Elizara Florent : « Les faits récurrents rapportés au cours des patrouilles sont principalement liés à la coupe illicite et au charbonnage. Des menaces persistantes majoritairement dues à la chute du prix de la vanille, poussant les communautés à étendre leurs cultures dans les zones forestières, pour servir d’alternative. De ce fait, depuis 2018, les communautés locales ont décidé d’augmenter la fréquence des patrouilles à 4 fois par mois, si auparavant elles ne se faisaient que 1 à 2 fois dans le mois. » Un mode de fonctionnement qui a porté ses fruits puisque les fiches patrouilles se désemplissaient petit à petit. Cependant, plus les efforts se renforcent du côté des communautés locales, plus les délinquants deviennent plus audacieux en n’hésitant pas à user de la force. Une tâche, certes noble mais difficile pour ces fervents défenseurs dont la motivation ne failli pas malgré les difficultés.
 
En matière de restauration forestière, l’organisation communautaire d’Ambodivohitra Kobahina a usé de bien des méthodes. Au départ, les reboiseurs collectaient des sauvageons (jeunes plants d’arbres qui poussent spontanément sans avoir été cultivés) pour les replanter directement. Cette méthode n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés avec un taux de réussite de seulement 30% selon les évaluations. Elles ont par la suite opté pour une autre méthode consistant à cultiver les sauvageons dans des pots, à les faire entretenir par des pépiniéristes, et ne les mettre en terre qu’une fois qu’ils atteignent la taille requise pour garantir leur survie. Un succès pour cette technique de reboisement affichant un taux de réussite de 70%.
Tenant compte de ce résultat, les communautés locales se sont décidées à procéder à un suivi plus régulier des activités de reboisement afin de disposer de données chiffrées relatives au nombre de plants entretenus et mis en terre, la croissance mais également le taux de mortalité des plants. « Nous encourageons les communautés à reboiser pour qu’elles abandonnent les pratiques non durables comme l’usage de bois de chauffe, et les délits comme l’exploitation à l’intérieur des noyaux durs, pour leurs besoins quotidiens » poursuit le président des communautés d’Ambodivohitra Kobahina.
 
Le Groupe d’Épargne Communautaire (GEC) est une autre des initiatives développées au sein de ces communautés locales et qui offrent divers avantages. Razakarison Michael, paysan relais et membre du GEC nous explique : « Le GEC a été créée en 2017 au sein de notre communauté. Nous sommes aujourd’hui 30 membres. Le GEC est avant tout un outil de gestion financière qui, d’une part, nous aide dans la gestion des dépenses ; et d’autre part, nous permet d’épargner pour financer la gestion communautaire des ressources naturelles, d’emprunter, et de soutenir l’aspect social au sein de la communauté (cotisation lors des naissances, décès, maladies). L’existence du GEC aide à limiter les exploitations illégales et non durables des forêts. »
WWF appuie, depuis une vingtaine d’années, les organisations communautaires de la cuvette d’Andapa, dont celle d’Ambodivohitra Kobahina, à travers des séries de formations pour les patrouilleurs communautaires, les membres du bureau de la COBA, les membres de son comité de gestion et également le comité d’application du « Dina » (une règlementation traditionnelle et communautaire pour gérer les ressources naturelles d’une façon efficace).
Par ailleurs, les communautés ont accès aux marchés de produits locaux dans la Région Sava grâce à la collaboration établie avec Symrise (entreprise exportatrice de produits agricoles à travers une démarche durable) et les producteurs de vanille et autres produits agricoles (dont le gingembre, le patchouli…). Une collaboration qui allie rentabilité et durabilité conditionnée par une production certifiée « zéro déforestation ». Une prime environnementale issue de la commercialisation de ces produits est versée auprès des communautés locales. Ceci leur permet d’assurer la conservation des forêts de COMATSA à travers les patrouilles communautaires et les restaurations forestières.
En 2023, 42,5 tonnes de vanille ont été commercialisées, ce qui a permis de sécuriser environ 50% du financement des activités de conservation au niveau de trois organisations communautaires dans la cuvette d’Andapa. A noter que près de 480 producteurs de vanille et 28 producteurs de gingembre bénéficient actuellement de la collaboration fructueuse avec Symrise. Une collaboration qui tend à s’étendre sur d’autres produits comme le patchouli.  
 
Il ne peut y avoir de conservation sans l’implication active des communautés locales, à qui la protection des ressources naturelles profite. Une conservation durable va bien au-delà de la simple préservation des écosystèmes et des espèces. Elle concourt surtout au bien-être des communautés locales en intervenant dans le renforcement de capacités et de la résilience à l’exemple de la COBA Ambodivohitra Kobahina.