What would you like to search for?

Nos Nouvelles

La jeunesse Malagasy en action : de la parole aux actes pour un avenir durable

On aura beau le clamer haut et fort, à toutes les réunions, les conférences ou encore les ateliers, que les jeunes représentent le futur, nos actions concrètes ne reflètent pas ce discours pourtant repris dans plusieurs langues, par tous les leaders du monde.

En effet, malgré les articles, les discours et les incitations à l’inclusion de la jeunesse, beaucoup sont encore dubitatifs et réticents quant à leur pleine participation dans les processus de décision. Un constat qui n’est pas isolé en Afrique, puisque la culture et l’éducation de la jeunesse africaine diffèrent de celles des Occidentaux, qui prônent la liberté d’expression, l’égalité des droits, et l’inclusion pour tous : des termes qui, malheureusement, sonnent faux dans plusieurs régions de Madagascar. Si Madagascar a connu plusieurs décennies de monarchie matriarcale, la colonisation a balayé cette époque pour la remplacer par un système créé, dirigé et adapté pour les hommes. Un système qui place le « …Manan-joky, afaka olan-teny »( aux vieux de porter la parole en français), au centre de tous les événements, mettant sur un piédestal l’aîné et incitant le plus jeune à tout accepter. Cette mise en contexte est indispensable pour comprendre notre fonctionnement, car la complexité de la société malagasy, par son lourd bagage émotionnel et culturel, fait qu’aujourd’hui nous assistons à un revirement de situation tant sur le plan environnemental que socio-économique. Si la jeunesse malagasy était autrefois craintive, passive et soumise, on assiste actuellement à une jeunesse libérée, forte et engagée. Une jeunesse qui n’a pas peur d’offenser, de prendre le taureau par les cornes et de faire entendre sa voix, des petites salles de réunion aux conférences internationales ; les attentes et les demandes des jeunes font maintenant écho. Ce revirement témoigne d'une volonté croissante de participer activement à la construction de leur avenir.

L’association CliMates Madagascar, dont je suis la présidente, est un exemple concret de la forte dynamique qui se met en place. Avec le soutien de CliMates International, un représentant a été envoyé à la COP28 à Dubaï, un engagement que l'association compte renouveler cette année pour la COP29 et la COP de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), afin de renforcer la voix de la jeunesse malagasy et accroître sa présence dans les négociations internationales. De plus, l'association figure parmi les quatre lauréats internationaux du Global Youth Hackathon for Media Information Literacy, organisé par l'UNESCO, dont la remise des prix aura lieu en Jordanie d'ici fin octobre. Cet événement a reçu plus de 203 soumissions provenant de 68 pays. Ce prix récompense le projet éducatif de CliMates Madagascar, qui vise à utiliser les technologies et les médias comme sources d’éducation gratuite et illimitée pour les enfants. Ce projet sera lancé début 2025 avec plusieurs partenaires, tels que la plateforme ISIKA, l'agence de contenu digital WCOM, l'UNESCO, et la Friedrich Ebert Stiftung. Ces actions témoignent non seulement de l'engagement mais aussi de la motivation des jeunes à faire avancer les lignes en matière de climat à travers l'éducation, le plaidoyer et la recherche, en incluant divers acteurs de différents secteurs.

Un autre exemple de grandes plateformes associatives sur la Grande Île inclut AIKA Alliance ou encore le réseau Namako ny Tany, qui regroupe plusieurs associations, individus et entités de divers horizons, tous œuvrant pour un objectif commun : un Madagascar durable, où les enfants, les jeunes et les femmes sont particulièrement soutenus dans la lutte contre le changement climatique. Avec l’appui et le leadership de AIKA et des autres associations membres, nous avons réalisé le "Malagasy Youth Statement 2024", qui compile les demandes, exigences et engagements de la jeunesse cette année encore, avant la Local Conference of Youth, un événement incontournable pour la jeunesse avant les COPs. Ce rapport contient des extraits marquants, tels que :
  • le changement climatique doit être intégrer dans le programme de formation en administration publique (ENAM, IMAPEP) en vue de sensibiliser les agents et hautes autorités de l’Etat et à ce que les projets et programmes climatiques soient intégrés et mis en œuvre dans les SAC et les PCD pour toutes les Communes au niveau de chaque communauté, avec une amélioration des infrastructures. 
  • le secteur privé et la société civile doivent proposer des projets et programmes d’activités effectives, avec un mécanisme d’accompagnement rigide en vue d’une autonomisation responsables des communautés et des localités
  • les efforts de restaurations des écosystèmes doivent être poursuivis avec des activités de reboisement plus planifiée et coordonnée suivant des normes techniques accessibles pour tous (plan national avec une déclinaison en plan local au niveau Communal) dans le but de renforcer les puits de carbone.
  • la collaboration intersectorielle doit être renforcer pour une vision plus systémique et optimiser l’efficacité des solutions locales en faveur du climat afin de prévenir les migrations et les conflits climatiques liés à l’accès aux ressources
Les initiatives ne se font pas rares, les engagements sont de plus en plus renforcés, la jeunesse est motivée ; que reste-t-il donc : « faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait »; un slogan très simple qui pourtant est la clé de tous les maux de notre ère. Cependant, rien n’est encore jouer puisque les petites actions que nous faisons aujourd’hui garantiront l’air que nous respirerons demain.
 
ANDRIAMIAROSOA Ny Aro
Présidente CliMates Madagascar,