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Les femmes aux commandes du développement communautaire d’Antsohimbondrona, dans la Baie d’Ambaro

La dynamique féminine engagée au niveau de l’organisation communautaire d’Antsohimbondrona, dans la Baie d’Ambaro, région Diana, joue un rôle central dans la réussite des actions de conservation. Les membres sont à 75% féminines car les femmes vivent pour la plupart sans mari ni emploi. Les hommes étant contraints de partir à la pêche ou travailler dans des usines, les femmes préfèrent consacrer leur temps libre à la nature plutôt que de rester les bras croisés. En 2024, 142 femmes ont notamment contribué à la restauration de 41,35 ha de mangroves à Antsohimbondrona. Le suivi des actions de restauration effectué lors des patrouilles, également menées en grande partie par des femmes, ont en effet démontré des résultats encourageants malgré les fortes pressions anthropiques qui pèsent sur ces écosystèmes. Les mangroves étant situées près d’une ferme qui accueille des migrants du sud, sont particulièrement vulnérables à la coupe illicite et au charbonnage, souvent difficiles à maitriser.
 
Deux figures inspirantes pour porter la voix des femmes 
 
Alima est mère célibataire et est engagée dans l’organisation communautaire d’Antsohimbondrona depuis maintenant neuf ans pour apporter son soutien au développement de son village. Dans son rôle de Paysan Relais au sein du Groupe d’Épargne Communautaire (GEC) du village, Alima assure la formation en gestion financière des membres afin de créer des sources de revenus pour la communauté, et ainsi réduire leur dépendance aux ressources naturelles. « J’apprends à mes pairs à épargner et à gérer efficacement leurs finances » a-t-elle confié.
 
Avec son autre casquette de patrouilleuse communautaire, Alima est chargée de déceler les cas d’exploitation illégale des ressources dans les mangroves telles que les vols de crabes et de crevettes, en particulier durant la période de fermeture et suivant la maturité des crustacés. « J’ai remarqué qu’auparavant, on trouvait facilement des crabes dans les mangroves et on en consommait beaucoup. Mais actuellement, la zone devient de plus en plus exposée à diverses exploitations. Des gens arrivent avec des engins de pêche pour collecter les crabes, même les juvéniles qui sont encore en phase de croissance. Il fallait des personnes engagées et motivées pour continuer à protéger nos ressources halieutiques » poursuit-elle. Consciente de la nécessité de son engagement envers la nature et sa communauté, c’est sans hésitation qu’elle a pris l’initiative de participer aux efforts de conservation des mangroves. Son implication lui a apporté de nombreux avantages : « J’ai beaucoup appris grâce aux nombreux échanges et formations dont j’ai bénéficié en tant que membre de l’organisation communautaire. J’essaye d’appliquer dans ma vie quotidienne toutes les connaissances que j’ai pu acquérir. Maintenant, je sais gérer mes finances, j’arrive à épargner tout en percevant des intérêts, et à dépenser à bon escient. Je sensibilise et j’encourage les femmes à préserver nos ressources naturelles car ce n’est pas uniquement la responsabilité des hommes. »
 
Soatombo, une autre de ces leaders féminins engagées, est mère célibataire de cinq enfants. Elle cultive du maïs, du riz et du coton pour subvenir aux besoins de son foyer. Ayant rejoint l’organisation communautaire d’Antsohimbondrona en 2018, Soatombo participe activement à la restauration des mangroves. Pour elle, la participation des femmes aux actions de conservation est essentielle : « Je veux protéger notre patrimoine naturel pour préserver l’avenir des futures générations. Moi par exemple, je ne suis pas patrouilleur mais je n’ai pas peur d’intercepter toute personne qui commet un délit à l’intérieur de nos mangroves. Je souhaiterais que d’autres personnes participent à la restauration. D’ailleurs pas plus tard que ce matin, j’ai encouragé une des femmes de la communauté à nous rejoindre pour la sauvegarde de nos écosystèmes. »