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Marée noire à Maurice : priorités et recommandations

Le WWF est préoccupé par les effets de la contamination toxique sur la faune et les communautés côtières à l'île Maurice, et se félicite des nouvelles selon lesquelles la communauté internationale se mobilise pour soutenir les efforts de nettoyage.

Réponse locale et internationale

WWF félicite les organisations locales et les groupes communautaires de l'île Maurice pour leur réaction rapide à la marée noire et pour leurs efforts en vue de retirer le pétrole. WWF se réjouit de la nouvelle que la communauté internationale se mobilise pour soutenir l'île Maurice dans ses efforts de nettoyage.

Préoccupations et priorités immédiates

La partie avant du navire a été déplacée et coulée. WWF estime qu'une meilleure option aurait été d'emmener la partie flottante et sécurisée endommagée dans un refuge sûr où les options d'élimination du pétrole auraient pu être évaluées. WWF espère que l'opération concernant le reste du MV Wakashio suivra cette pratique établie, afin que le navire puisse être démantelé et éliminé d'une manière qui ne menace pas les écosystèmes locaux.

WWF reste profondément préoccupé par la quantité de pétrole qui s'est échappée du MV Wakashio et qui a atteint les eaux côtières de l'île Maurice. l'accident a recouvert les plages, les récifs coralliens, les herbiers marins et les mangroves d'une boue toxique et expose les pêcheries lagunaires ainsi que les baleines, les dauphins, les oiseaux de mer et les tortues marines à un risque de contamination toxique. Il existe également un risque important de dommages potentiels à long terme liés à l'enfouissement du pétrole dans les sédiments, aisi que des impacts chroniques car le pétrole et les autres contaminants affectent la chaîne alimentaire sur le long terme. La perte de revêtements antisalissures potentiellement toxiques est également préoccupante, de même que les dommages physiques causés au récif par l'échouage.

La priorité doit maintenant être de retirer autant de pétrole que possible du système côtier, de gérer les effets directs et indirects du pétrole sur la faune et les habitats, et d'évaluer et de répondre à l'impact du déversement sur les communautés et les secteurs économiques.

Évaluation et restauration des dommages causés aux ressources naturelles, et soutien international

Nous avons besoin de "tout le monde sur le pont" pour soutenir l'île Maurice dans cette crise. Nous avons besoin de scientifiques de l'environnement et d'experts biologiques pour mettre rapidement en place des programmes de surveillance afin de suivre l'impact de la marée noire, y compris la contamination potentielle des pêcheries et des sédiments et habitats côtiers.

WWF demande une évaluation des dommages aux ressources naturelles (EDRN) afin de déterminer l'importance des impacts causés par cette marée noire. Cette évaluation devrait inclure les contributions des communautés touchées et du public, et des experts devraient déterminer l'étendue des dommages ainsi que les meilleures méthodes pour les activités de restauration. Les types d'impacts qui devraient être évalués comprennent les habitats et les écosystèmes, avec une attention particulière aux espèces importantes pour les moyens de subsistance ou la nutrition, et les impacts socio-économiques, y compris la base d'actifs dont dépend l'industrie du tourisme. L’évaluation devrait examiner les impacts directs, indirects et cumulatifs. La mise en place d'un programme de surveillance complet est une priorité absolue.

Transport maritime et lutte contre les déversements de pétrole

La communauté mondiale doit se mobiliser pour promouvoir la réforme du transport maritime et la préparation aux marées noires afin d'éviter que de tels déversements ne se reproduisent. On ne peut pas laisser les petits états insulaires en développement vulnérables supporter seuls le fardeau de la perte de productivité, du nettoyage et de la restauration des océans.

Le mécanisme régional d'intervention d'urgence en cas de marée noire, dirigé par la Commission de l'Océan Indien, et d'autres groupements de pays concernés tels que la Convention de Nairobi, devrait tirer des leçons et mettre en œuvre des solutions politiques pour prévenir de tels événements, et mettre les responsables face à leurs responsabilités si des incidents se produisent.

Bien sûr, mieux vaut prévenir que guérir. WWF recommande des mesures de routage pour maintenir les navires à bonne distance des zones sensibles, et assurer que les marins en sont conscients grâce aux cartes électroniques et à la cartographie.

Compensation

Une aide devrait être apportée aux personnes les plus touchées par la marée noire, en particulier aux communautés de pêcheurs et à celles qui dépendent des ressources de la lagune pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance. Cela inclut un soutien et des conseils sur l'accès aux mécanismes de compensation, en particulier s'ils utilisent un format en ligne.

Les marées noires sont tout à fait évitables; lorsqu'elles se produisent, les fautifs doivent être tenus responsables et les fonds pour le nettoyage doivent être débloqués rapidement. Trop souvent, le processus d'obtention d'une indemnisation et d'un paiement prend des années avant d'être mené à bien. Nous demandons à la compagnie et à l'État du pavillon d'agir rapidement et de débloquer les fonds pour l'effort de nettoyage, lorsqu'ils peuvent être utilisés immédiatement. Une enquête complète et indépendante doit être lancée et les résultats doivent être rendus publics. Cependant, l'obtention de fonds pour le nettoyage ne devrait pas attendre les conclusions d'une enquête.

L'indemnisation devrait également permettre de financer la mise en œuvre d'un plan de restauration à long terme des ressources naturelles endommagées, ce qui peut prendre des années. Ces ressources naturelles constituent la base de l'alimentation et des moyens de subsistance des communautés côtières, ainsi que la base de l'industrie touristique du pays.

Économie bleue et  faune sauvage

Le tourisme côtier, la pêche, la transformation des fruits de mer et les activités portuaires contribuent à plus de 10,5 % du PIB mauricien, avec un total d'emplois directs estimé à plus de 7000, hors tourisme côtier.

La tâche de gestion de la réhabilitation et de la restauration finale des habitats touchés doit être intensifiée et dotée de ressources suffisantes pour mettre Maurice sur la voie du rétablissement, étayée par une économie durable basée sur l'océan.

La protection des populations de grandes baleines est une stratégie importante pour la construction d'une "économie bleue". Au niveau mondial, l'observation des baleines et des dauphins est évaluée à plus de 2 milliards de dollars par an. La santé des populations de baleines et de dauphins côtiers est cruciale pour la gestion durable du tourisme à Maurice.

À l'échelle mondiale, les baleines et les dauphins dépendent d'habitats océaniques spécifiques - les zones où ils se nourrissent, s'accouplent, mettent bas ou migrent - pour leur survie. L'île Maurice est une plaque tournante pour toute une série d'espèces emblématiques. Les baleines à bosse effectuent également leurs migrations épiques vers le nord, depuis leurs aires d'alimentation estivales au large de l'Antarctique, pour se reproduire dans le sud-ouest de l'océan Indien.

 
© Brady Goorappa
Oil Spill Mauritius, August 2020