What would you like to search for?

Nos Nouvelles

Crise énergétique et crise climatique : Les ressources pétrolières de Madagascar font-elles partie de la solution ?

​En tant qu’organisme œuvrant pour la préservation de la nature, le WWF est de plus en plus confronté aux nombreux dilemmes que posent les crises de la nature, de la pauvreté, du climat, et plus récemment de la crise énergétique.

C’est un dilemme qui se pose pour Madagascar à l’échelle nationale mais c’est aussi un dilemme à l’échelle de la planète. Ce dilemme se traduit en plusieurs questions : comment assurer le bien-être et la sécurité face aux impacts du changement climatique ? Comment développer l’économie tout en maintenant et même en augmentant nos actifs naturels que sont les écosystèmes, l’eau, la terre etc … et sans contribuer davantage à la crise climatique et dans un contexte de crise énergétique ?
 
C’est pour y répondre que depuis quelque temps, le WWF a travaillé avec le cabinet Rystad Energy pour entamer une série de diagnostics énergétiques. Ce jeudi, 29 septembre, WWF a organisé une séance de dialogue ayant pour thème “Crise énergétique et crise climatique : Les ressources pétrolières de Madagascar font-elles partie de la solution ? ”.
 
Le secteur pétrolier est lui-même impacté par le changement climatique. Outre les risques physiques associés au changement climatique sur le fonctionnement d’une industrie pétrolière, il y a les risques liés à la responsabilité des compagnies ou des pays qui contribuent sciemment au changement climatique, du fait des procès climatiques qui se sont multipliés ces dernières années. Par ailleurs, très important, il y a les risques liés à la transition globale vers une économie à faible émission carbone. Cette transition globale qui est en cours, risque d’entrainer la chute du prix du pétrole, et qui se révèle une réalité ces derniers temps avec une chute du prix du baril de près de 34% en l’espace de six mois.
Voici les cinq principaux résultats du diagnostic du secteur pétrolier de Madagascar par le cabinet Rystad Energy :
  1. En 2018, Madagascar fait partie des 5 pays les plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, et les dommages climatiques étaient évalués à 568 millions de dollars. Ce montant est l’équivalent de nos importations en produits pétroliers en 2019.
  2. Mis à part Tsimororo (en phase pilote), les investissements sont à perte. D’un point de vue économique et en considérant le scénario de prix, l’investissement pétrolier serait à perte (plus de dépenses que de recettes engendrées) pour les différents gisements de Madagascar, excepté pour le cas de Tsimiroro. Le gisement a prévu produire 400,000 barils équivalent pétrole de 2014 à 2043.
  3. Il y a peu de chances que les besoins en produits pétroliers de Madagascar soient satisfaits par l’exploitation des ressources pétrolières et gazières locales. L’exploitation de ces ressources présente un risque économique important, un risque d’investissements à perte non attractif pour les compagnies et les financeurs.
  4. Les ressources pétrolières non découvertes sont susceptibles d'être non commerciales compte tenu du prix projeté du baril de pétrole par rapport aux coûts d’investissements requis. Les coûts d’investissements requis sont supérieurs aux prix du baril sur le marché. À terme, il y a un risque que l’investissement ne sera pas récupéré.
 
Rappelons que l’importation de produits pétroliers représentait 14% des importations de Madagascar en 2019. L’enjeu est donc de s’affranchir de la dépendance aux produits pétroliers, tout en permettant l’accès durable et abordable de la société malgache au transport et à l’électricité.
 
Pour Voahirana Randriambola du WWF, « Les faits nous obligent à regarder la réalité en face, et à l’affronter ensemble pour adopter et mettre en œuvre rapidement des solutions durables pour satisfaire nos besoins croissants en Transport et en électricité. Compter sur nos ressources pétrolières locales n’est pas réaliste. Dépendre sans fin des importations pétrolières ne nous mènera nulle part. Les documents stratégiques sont riches en listes de solutions pertinentes pour sortir de cette dépendance. Au-delà d’avoir des listes, il est urgent d’agir concrètement, sous le leadership de l’État compte tenu de l’effort multisectoriel requis et en associant concrètement tous les acteurs de la société ».
 
Le WWF réitère sa volonté de travailler avec tous les acteurs de la société pour développer ensemble des solutions.