What would you like to search for?

Post-COP26 : lutter contre la crise climatique !

La 26ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique s'est achevée le 12 novembre avec des décisions faibles dans un certain nombre de domaines importants, notamment l'adaptation, les pertes et dommages et le financement du climat.

Cependant, le texte contient d'importants éléments permettant aux pays d'accroître leurs ambitions climatiques à court terme et de mettre en œuvre des politiques climatiques contraignantes.
 
Manuel Pulgar-Vidal, WWF Global Lead on Climate and Energy, déclare "Nous devons reconnaître que des progrès ont été réalisés.  Les pays ont maintenant de nouvelles possibilités de faire ce qu'ils savent devoir faire pour éviter une catastrophe climatique. Mais à moins qu'ils ne changent rapidement résolument vers la mise en œuvre et ne montrent des résultats substantiels, ils continueront à voir leur crédibilité remise en question."
 

Comment concrétiser la promesse de Glasgow sur la fin de la déforestation d'ici 2030 ?

La protection, la conservation et la restauration des forêts, également connues sous le nom de solutions fondées sur la nature (ou « nature-based solutions » - NbS), sont très importantes si le monde veut lutter contre le réchauffement climatique. Malgré des efforts bien intentionnés, la disparition des forêts se poursuit. A Madagascar, nous perdons rapidement des forêts qui comptent pour leur carbone mais aussi pour leur précieuse biodiversité.

À Glasgow, plus de 141 dirigeants ont annoncé qu'ils mettraient fin à la déforestation d'ici 2030. Le vrai défi est de savoir la manière transformer cet engagement en réalité.
 
En premier, la mise en œuvre dépendra du fait que les communautés locales aient des droits sûrs et clairs sur les terres et aux autres avantages de la NbS, tels que les revenus du carbone. Dans la pratique, les responsables de la mise en œuvre de ces programmes sont des gouvernements qui sont les propriétaires de droit (souvent hérités des régimes coloniaux) de nombreuses forêts. Dans une grande partie de l'Afrique, les revendications traditionnelles des populations locales sur les terres et les forêts ne sont pas reconnues par les gouvernements, ce qui signifie qu'il existe un risque que les bienfaits de la conservation des forêts, tels que les revenus du carbone, ne parviennent pas aux communautés forestières.
 
Deuxièmement, il ne suffit pas de reconnaître les droits fonciers locaux. Il va falloir faire en sorte qu'il soit intéressant pour les communautés locales de maintenir la forêt. Cela requiert un financement adéquat et à long terme des moyens de subsistance locaux tels que la transition vers des techniques agricoles plus productives et durables et l’accès au marché. Mais ce n'est pas facile et nécessite de véritables investissements. 
 
L'histoire de la conservation est parsemée d'incompatibilité entre l'objectif déclaré et le financement qui lui est alloué. Le résultat final est généralement un échec et les communautés locales en supportent souvent les coûts.
 
Ce sont ces personnes à la frontière de la forêt tenant une hache qui ont la plus grande influence sur ce qui se passe. Nous pouvons avoir des discussions sans fin dans des pays comme Glasgow, mais à moins que ces personnes qui prennent des décisions sur la façon dont elles cultivent ne soient correctement habilitées, et que leurs droits ne soient formellement reconnus, je doute qu'une solution basée sur la nature soit réellement possible.
 
Dr Sarobidy Rakotonarivo,
Socio-Économiste de l’Environnement, ESSA-Forêts, Université d’Antananarivo
*Cet article ne reflète pas nécessairement les perspectives de l’ESSA-Forets ou de l’Université d’Antananarivo 
 

La jeunesse Malagasy plus que confiante pour la lutte contre le changement climatique

La COP26, bien qu’ayant eu un résultat mitigé, ne doit pas être vue comme une fin en soi mais comme le déclenchement d’une nouvelle mentalité dans l’esprit des jeunes. Nous comptons effectuer une restitution aux jeunes Malagasy afin de conscientiser la jeunesse sur la situation actuelle et les maigres solutions qui s’offrent à nous. Nous avons compris que les beaux discours et les promesses ne garantissaient pas un accord global avec des impacts concrets sur le quotidien des populations. Bien sûr, nous allons suivre avec grande attention le respect des quelques engagements qui ont été pris par les gouvernements. Mais nous n’allons pas attendre pour agir, il en va de notre survie. 
 
La trajectoire effrayante du réchauffement climatique condamnera notre génération à vivre des moments effroyables et funestes. 
 
La prochaine COP se tiendra en Égypte et sera africaine. Les réseaux de jeunes panafricains sont déjà en ébullition afin de préparer celle-ci. Nous ne tolérerons pas une nouvelle COP qui ne prendre pas en considération les problématiques des jeunes issus des pays vulnérables face aux effets du changement climatique. 
 
La COP26 a été imparfaite mais nous confronte à la réalité : la jeune génération veut prendre son destin en main et ne peut plus se permettre de le mettre entre celles d’une génération qui a pleinement contribué à la situation actuelle. La jeunesse Malagasy en est consciente et commence à agir. En tant que jeunes leaders, notre rôle est d’informer, inspirer et être des éléments catalyseurs de changement dans nos sociétés. 
Max Fontaine
Représentant de la jeunesse Malagasy à la COP26 et Fondateur de l’entreprise sociale Bôndy
 
 

Comment les chercheurs peuvent-ils contribuer à l'intégration des solutions basées sur la nature dans les stratégies politiques de lutte contre le changement climatique ?

 
Il y a eu tellement de recherches pertinentes sur ce sujet. Les sciences sociales, examinant les réalités de la mise en œuvre de ces solutions basées sur la nature telles que la conservation des forêts ou leur restauration, en font partie. 
 
Le défi consiste à s'assurer que cette recherche est utilisée pour informer les politiques et les pratiques sur la lutte contre le changement climatique. Il existe un fossé que nous n'avons pas réussi à combler jusqu'à présent, malgré la rhétorique et la présence de chercheurs à la COP26.
 
Ce gap est en partie dû au fait que les chercheurs sont principalement motivés par la publication d'articles scientifiques, plutôt que par la mise à disposition des informations sous des formes utiles pour les décideurs politiques. D’un autre côté, les décideurs politiques sont toujours pressés par le temps, et ne prennent pas souvent le temps de consulter les résultats de recherche.
 
Alors, comment faire en sorte que la recherche contribue à l'intégration de solutions efficaces et équitables basées sur la forêt dans les stratégies politiques ?
 
Je suis convaincue que les bailleurs de fonds comme les chercheurs doivent davantage s’engager dans des activités liées à la création d'impact positif à l’issue des recherches dans un pays aussi riche en biodiversité mais aussi pauvre que Madagascar. 
 
Je travaille actuellement sur un projet qui a été financé spécifiquement pour créer des impacts à l’issue d'un projet de recherche sur le rôle des paiements internationaux pour les services environnementaux sur la réduction de la pauvreté à Madagascar. Entre autres, nous avions produit un film pour communiquer les résultats de nos recherches d'une manière innovante et avions utilisé ce film pour impliquer les décideurs politiques. Nous avons même amené quelques décideurs politiques de haut niveau dans un village éloigné à la lisière de la forêt pour qu'ils puissent interagir directement avec les communautés forestières et voir de première main les défis de la mise en œuvre de ces solutions basées sur la nature sur le terrain.
 
En tant que chercheurs, nous devons réfléchir à la signification de nos recherches si elles ne sont pas utilisées par les décideurs politiques et bénéficient à la fois et les communautés locales et la nature.
 
Dr Sarobidy Rakotonarivo,
Socio-Économiste de l’Environnement, ESSA-Forêts, Université d’Antananarivo