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Une nuit dans un village traditionnel Malagasy ou comment allier conservation et développement !

Après un mois de training et de préparation, d’abord à Tana, puis a Morondava, Maryo (mon binôme) et moi sommes enfin partis pour le Fokontany Kivalo.

Pensant qu’il s’agissait d’un village, j’ai fini par comprendre qu’un Fokontany était une circonscription administrative, qui dans ce cas regroupe trois villages - Kivalo Centre, Ambato-Sur-Mer et Ampatiky - séparés les uns des autres par une à deux heures de pirogue. Situés sur la côte Ouest de Madagascar, les trois villages sont isolés comme des îles par les vastes forets de mangroves, les chenaux sinueux et les marées. 

Poussés par le manque de revenus, les villageois coupaient les mangroves qui entourent leurs communautés pour vendre du bois à Morondava, chef-lieu de la région Menabe, à deux heures de pirogue de Kivalo. Le WWF a donc incité la population à reboiser, et a mis en place un projet d’écotourisme ou tourisme communautaire avec leur partenaire, l’Association des Guides Agrée de Morondava (AGAMO). De plus, le gouvernement a cédé la gestion des forets au VOI, une association de villageois soucieux de leur patrimoine environnemental. 

En arrivant à Kivalo Centre, j’ai eu l’impression d’être, ironie du sort, une attraction touristique tant les gens me dévisageaient. Mais je commence à avoir l’habitude car voir un « vahaza », mot qui désigne les étrangers blancs, est toujours un peu rare à Madagascar, même dans la capitale. Maryo et moi avons été hébergés chez le président du VOI, et pendant cinq jours, nous nous sommes présentés aux membres des trois communautés, et avons discuté de l’écotourisme, particulièrement avec les acteurs du projet. Dans chaque village, cinq personnes ont reçu une formation de guide afin d’emmener les touristes en pirogue à travers les chenaux pour leur montrer les oiseaux, les reptiles, la pêche aux crabes et les microcèbes, une espèce de petits lémuriens. De plus, des associations de femmes cuisinières ont été créées, et ont suivi une formation sur la préparation de mets divers. Il y a aussi les patrouilleurs qui tâchent de surveiller la forêt et d’empêcher les coupes illégales. Les touristes sont donc en immersion totale dans la vie du village, aussi bien dans les visites et les repas que pour l’hébergement, qui peut se faire sous tente ou chez l’habitant selon les préférences de chacun. 

Nous nous sommes vite rendu compte du travail à faire après quelques discussions, visites de villages et simulations de guidage. Tout d’abord, il n’y a pas vraiment de toilettes, les gens vont dans les forêts alentour. Maryo a même surpris un habitant prendre sa pirogue afin d’aller aux toilettes tranquillement sur une ile environnante. Pareil pour les douches, les quelques cabines construites il y a longtemps tombent en ruine. Le sable est jonché de déchets divers. Autre problème de taille, les guides locaux ne parlent ni Français ni Anglais, mais tous ont envie d’apprendre pour pouvoir communiquer avec les touristes. Les circuits touristiques ne sont pas encore bien définis et des conflits entre villageois risquent de compliquer les choses…

Nous sommes repartis en pleine réflexion, la tête remplie d’idées pour améliorer chaque aspect problématique avant l’ouverture officielle du projet début juin. Mais la beauté des sites, l’accueil chaleureux des villageois, la diversité de l’écosystème et la singularité de l’expérience nous confortent dans l’avenir prometteur du projet. 

Le 22 mars 2018, par Mondane Fouqueray

 
© Mondane Fouqueray
Un village traditionnel Malagasy